Prêt, pas prêt, c’est parti!

Enfin, nous l’attendions tous depuis tellement longtemps. Quelques dizaines de millions de dollars en annonces plus tard, Charest déclenchera demain la campagne électorale 2012 après un printemps chaud. Très chaud. Le plus grand soulèvement populaire de l’histoire du Québec. Il a vraiment de quoi se vanter notre futur ex-premier ministre. Du moins j’espère qu’il deviendra un ex-premier ministre : malgré les preuves de collusion, de corruption, de vente (ou don?) de nos ressources naturelles, d’argent gaspillé, de promesses non tenues, un risque réel perdure de voir le Parti Libéral du Québec (PLQ) au pouvoir, encore.

Étant donné la division du vote souverainiste et la Coalition Avenir Québec fédéraliste, mais trop à droite, nous risquons d’être pris avec le PLQ. Je nourris quand même l’espoir d’un gouvernement majoritaire du Parti Québécois (PQ). Option Nationale (ON) et Québec Solidaire (QS) se disent uniques en leur genre, mais ils font des alliances et veulent négocier avec le PQ. S’ils sont si blanc bonnet bonnet blanc que ça, pourquoi créer un parti? Pour avoir discuté avec quelques uns de leurs partisans, ils parlent de voter stratégiquement pour le PQ étant donné l’actuel mode de scrutin, entre autres.

Je réponds que le PQ était le 3e parti à l’Assemblée Nationale en 2007. Il est aujourd’hui un candidat extrêmement sérieux au titre de chef du gouvernement. Pas mal pour un délai si court. Si le PQ a réussi ce tour de force en si peu de temps dans notre mode de scrutin si dramatique, ON et QS le peuvent aussi. Qu’ils se battent, qu’ils prouvent à la population qu’ils sont les plus aptes à gouverner et à amener le Québec au statut de pays. Parce que justement, bâtir un parti, un pays, une crédibilité : c’est long. Et c’est malheureusement l’éternel constat du politique souverainiste québécois : notre inconscient demeure extrêmement puissant et toutes les justifications sont bonnes pour empêcher la réussite du projet. J’ai l’impression que ON et QS agissent comme des adolescents qui connaissent tout mieux que les adultes expérimentés. Et qu’est-ce que des adultes répondent à des adolescents entêtés : un jour tu vas comprendre. Ce à quoi ils répondront : tasse-toi « mononque ».

ON et QS parleront donc dans cette campagne de vote stratégique de mode de scrutin et d’alliances. Soit. En attendant, pour avoir notre pays, il reste nécessaire d’avoir un parti souverainiste fort au pouvoir. Le seul qui existe demeure le PQ avec son nombre d’années d’expériences, sa profondeur, son programme et son équipe incluant madame Pauline Marois. Les intelligences présentes au PQ font baver d’envie tous ses compétiteurs.

Je critique vertement ON et QS parce que je trouve qu’ils rêvent en couleurs. Si le Québec était déjà un pays, d’accord, mais malheureusement nous devons d’abord rendre le Québec indépendant du Canada. Ensuite, on en reparlera. Un parti politique évolue avec son temps. Les idées pour la souveraineté ne manquent pas : pourquoi ne pas les débattre au sein du même parti plutôt que de s’engueuler avec des « je suis plus souverainiste que toi ».

La campagne qui commencera demain ne sert à rien : les bilans des partis sont connus et tout ce qui se dira dans le prochain mois ne vous apportera rien que des promesses de « je ferai ci » et « je vous jure que » pour les naïfs. Aux élections québécoises 2012, je dénonce la division du vote souverainiste. Utiliser la réalité du politique pour atteindre notre but du pays du Québec n’est pas se faire violence : il s’agit d’être conscient de la réalité du système en place et l’utiliser pour arriver à nos fins d’autant plus que le camp d’en face ne nous fera pas de cadeau.

(Image par How I See Life)