Voyage au bout de l’asphalte

Nous arrivons d’un périple routier de 5 jours absolument mémorable. Routier demeure le mot clé. Nous n’avons pas calculé le kilométrage, mais nous l’estimons à 3 000 km. Mon mari et moi, pour sortir du quotidien, nous roulons. La Côte-Nord reste une magnifique région pour décrocher, changer de décor, profiter du fleuve. Et quel fleuve! Impossible de dire qu’on voit le fleuve uniquement en traversant un pont en région urbaine. On a beau éteindre la télévision, le cellulaire, l’ordinateur : les voisins restent à 6 pieds, il y a toujours 2 voitures par maison, de la circulation à perte de vue et des lampadaires éclairant l’intérieur des maisons. La Côte-Nord, c’est tout le contraire. Bien qu’aucun récit ni image ne remplacera l’expérience, je vous partage quand même quelques moments de nos vacances.

D’abord, la première journée se résume relativement facilement : on roule. On roule roule roule et roule. Nous prenons le traversier entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac. Cet endroit est trop profond pour y construire un pont. Les photos ci-dessous ont été prises au retour, mais c’est pas mal la même chose qu’à l’aller, en sens inverse.

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Après toute une journée à rouler, nous nous sommes installés à Baie-Comeau. Le premier soir, nous prenions une marche près de l’hôtel et nous sommes tombés sur une charmante galerie d’art. Étant donné l’heure, elle était fermée, mais nous avions les visages collés sur les vitrines. Au même moment, l’artiste peintre lui-même revenait de sa promenade et nous demande si nous voulons visiter. Ce n’est pas parce que nous embuons ses vitrines que nous voulions vraiment entrer… Et c’est avec plaisir qu’il nous a ouvert son établissement. Quelle belle rencontre avec l’artiste peintre Claude Bonneau http://www.claudebonneau.com/galeries.htm. Sa galerie d’art rassemble 1 001 tranches d’histoire du Québec. On y retrouve des boîtes à bijoux anciennes, de vieux tourne-disques, un vieux piano, des vieilles machines à écrire, caisses enregistreuses, poupées, bouteilles, vêtements : nommez-les, c’est là. Entre ces éléments on peut découvrir ses toiles. Les robes rouges et jaunes sont récurrentes, les tableaux débordent de vie et son style reste magnifique. Il nous a parlé de sa vie, la façon dont il a monté son établissement. Une visite s’impose si vous passez par Baie-Comeau.

Le lendemain, nous voulions visiter la centrale hydroélectrique de Manic-5. Comme elle est à environ 220 km au Nord de Baie-Comeau, c’est presque Montréal-Québec pour aller la voir. Encore une fois, les photos ne vous donnent qu’un aperçu : cette centrale vaut le détour! Lorsqu’on arrive, c’est un Wow! instantané.

Taurus_Manic

Il y a tellement de béton dans le barrage Daniel-Johnson qu’il vaut le déplacement. La plus grande arche a des bras de 27 mètres de profondeur. 27 mètres!! Ça commence à faire de la structure. Ce barrage reste impressionnant et une visite de la centrale s’impose. Pour se rendre sur la crête du barrage nous y allons en autobus scolaire et nous faisons nos coquets avec ces casques protecteurs.

Moi_casqueNous nous rendons à l’intérieur d’une arche. J’essayerais bien de vous décrire l’expérience, mais rien ne vaut le voyage. L’arche ci-dessous n’est même pas la plus grande. C’est incroyable!

arche_manic

L’image ci-dessous n’est pas un delta ni un lac : c’est le réservoir de Manic-5. C’est immense!!! La photo a été prise sur la crête du barrage.

reservoir_manicToujours sur la crête mais de l’autre côté du réservoir :

manicC’est magnifique, il faisait tellement beau aussi. Aucune ville ni village à l’horizon. La paix : oh oui, c’est l’endroit parfait et unique! Me voici à l’autre bout de la crête.

moi_haut manic

Malheureusement il importe de redescendre. Alors on lance inévitablement un dernier regard à cette superbe structure, symbole de l’ingénierie humaine.

manic fin

Je ne sais pas quels scandales ont entouré la construction de ce barrage. Malgré tout, je le trouve absolument magnifique. Il vaut son détour de 220 km.

Le lendemain, nous partons pour Havre-Saint-Pierre. Chemin faisant, nous arrêtons à un phare situé à Pointe-des-Monts là où le fleuve devient estuaire. Étant donné les courants marins de l’endroit, beaucoup de bateaux ont fait naufrage. Sur le bord de l’eau, la température était autour de 15 degrés Celsius. Nous étions loin des 35 degrés de Montréal et c’est tant mieux : l’humidité et moi n’avons jamais fait bon ménage.

phare

Il ventait légèrement…

canonsNous poursuivons notre route. À environ une demi-heure avant d’arriver à Havre-Saint-Pierre, nous nous retrouvons à l’archipel de Mingan. Nous voulions faire une excursion sur les îles. Comme ce n’est pas le moment des grandes vacances, nous avons eu une excursion privée : nous étions 3 dans le bateau en comptant le capitaine. Oui oui je sais, tout le charme demeure dans la veste.

moi bord

Nous voguons donc tranquillement vers la première île sur laquelle nous trouvons un phare et 2 bâtisses en pleine transformation pour devenir des gîtes touristiques. Le phare fonctionne à l’énergie solaire : plus de gardien.

bateauVoici le phare.

phareEt les habitations.

habitationSur cette île, nous trouvons beaucoup de macareux. Ils se reproduisent dans les trous présents sur les falaises des îles.

macareux1Un autre groupe ici. Ils sont vraiment mignons.

macareux2

Nous retournons sur le bateau pour aller sur l’autre île. L’île Nue. Pourquoi l’île Nue? Parce qu’elle est toute nue : pas d’arbre, que des monolithes sculptés par la mer. Ici, ça prend un peu d’imagination. Voici le monolithe baptisé le chameau.

chameau

Celui-ci, juste pour le nom : les amoureux.

amoureux

Le monolithe surnommé la bottine :

bottine

Finalement d’autres monolithes présents sur l’île Nue.

monolithe

Ce n’était pas prévu, mais nous avons pu voir une bonne douzaine de baleineaux. Il y a eu un baleineau très téméraire qui nous a fait un coucou à une dizaine de mètres. Aussi, nous avons entendu un pssshhhtt de maman baleine, mais elle n’a pas voulu sortir de l’eau. C’est presque tant mieux parce qu’elle se trouvait pas mal près de notre embarcation. Le moment se passe trop rapidement alors nous n’avons pas d’image, mais nous en gardons plusieurs dans notre tête. Nous avons poursuivi notre route pour passer la nuit à Havre-Saint-Pierre.

Le lendemain, nous roulons encore vers l’est sur la 138. Objectif : Natashquan. Nous roulons tellement en montant toujours un peu que nous traversons des kilomètres de taïga.

taiga1

taiga2

Nous croisons quelques points où nous apercevons le fleuve et quelques villages, mais c’est tout. Nous continuons de rouler dans ce paysage pendant une heure et demie entre Havre-Saint-Pierre et Natashquan.

vers natashquan

Nous continuons. On remarque l’annonce de Pointe-Parent. Sa petite histoire : Pointe-Parent a été nommée ainsi à la suite du décès par noyade du curé Parent qui s’était installé à cet endroit. Son corps a été retrouvé à la pointe qui porte aujourd’hui son nom.

Nous arrivons à Natashquan. La température était moins de notre côté pour cette journée-là : il y avait énormément de brume. Nous n’avons donc pas pu voir très loin à l’horizon, mais nous avons pu voir la maison de Gilles Vigneault et dîné chez John Débardeur. Le club au crabe était délicieux. Vous avez pu certainement manger de bons fruits de mer chez-vous. Cependant, manger ces produits sur la Côte-Nord reste pas mal difficile à battre. Chez Julie à Havre-Saint-Pierre, Chez Omer à Sept-Îles : 2 adresses incontournables lors d’un périple sur la Côte-Nord. J’y repense et je salive encore.

À Natashquan, nous atteignons l’objectif de notre voyage : atteindre le bout de l’asphalte. Le bout de la route 138. Nous sommes dans les derniers moments du bout de la route puisqu’elle reste en pleine construction après Pointe-Parent pour relier d’autres villages à l’est de Natashquan et éventuellement rejoindre le Labrador. Nous nous sommes arrêtés au bout de l’asphalte puisque la 138 continuait sur la gravelle pour 18 kilomètres. La route est finie? Qu’à cela ne tienne, maintenant, on revire de bord et on recommence à l’envers!

138finAvec la visite de Rouyn-Noranda, Sainte-Flavie et Natashquan, je me trouve privilégiée d’avoir pu constater l’immensité et la beauté de notre pays d’est en ouest. Le Québec offre de multiple richesses environnementales, naturelles, humaines. Un jour, nous serons capables de vivre ensemble et de faire de notre Québec un pays réel à la face du monde. Nous avons tout le nécessaire pour y arriver. Un jour, nous nous ferons suffisamment confiance.